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12 mai 2013 7 12 /05 /mai /2013 09:34

      

"Je ne voulais pas serrer la main d'hommes qui avaient tué. Je ne pouvais pas. Et pourtant lorsqu'ils sont entrés, j'ai vu les visages de ces trois hommes sur lesquels il n'était pas inscrit le mot assassin. Naturellement j'ai répondu à leur geste en tendant ma main." Geneviève Celant raconte ce jour où ses principes se sont évanouis. Violée à dix-huit ans, cette retraitée énergique de 68 ans a perdu sa nièce, violée et assassinée à quinze ans par un jeune garçon. Anéantie par ces épreuves, elle a accepté, il y a deux ans, de participer avec deux autres parents de victimes, à des rencontres victimes-auteurs organisées par la maison d'arrêt de Poissy (Yvelines). Unique en France, l'expérience pourrait se multiplier à l'avenir. La ministre de la Justice Christiane Taubira s'est dite favorable au développement de cette démarche.

"Haine et vengeance"

Inspirée du système canadien, cette justice dite "restaurative" repose sur le principe de substitution. À Poissy, durant cinq mois, trois parents de victimes ont fait face à trois auteurs de crimes semblables à ceux subis par leurs proches. L'objectif : la prise de conscience de la portée de leur geste pour les détenus, la possibilité de poser des questions pour les victimes et la lutte contre la récidive.

"Si la justice répond aux conséquences de l'acte, au bénéfice des protagonistes directs, elle le fait plus rarement au profit de leurs proches. Elle laisse en suspens les répercussions, multiples, profondes et douloureuses engendrées par le crime", analyse le professeur en criminologie Robert Cario (1).

"Je voulais expliquer les souffrances que l'on endurait, nous, victimes collatérales", raconte Geneviève Celant. "Au début ils avaient peur parce qu'ils pensaient que l'on amenait avec nous de la haine et de la vengeance", ajoute-t-elle. Mais "tout s'est enchaîné naturellement. C'était trop facile et ça m'a beaucoup perturbée", raconte Marie-José Boulay, une autre participante, dont la fille de neuf ans a été assassinée en 1998. "Durant les intermèdes, je me disais : mais où tu vas ? Il fallait que je me rappelle qu'ils étaient auteurs de crime. Pourtant, lorsque les discussions se poursuivaient, l'humain prenait toujours le dessus", souligne-t-elle.

"Nous sommes à distance de l'événement. Il n'y a plus rien à espérer du point de vue de la sanction, de la réparation. Si l'acte cristallise encore les souffrances, la personne va très vite prendre le dessus pour que l'échange puisse s'installer", indique Robert Cario. Aussi difficile que nécessaire, apprendre à dissocier l'acte de l'individu reste une des clés de réussite de ces rencontres.

Des questions sans réponse

"Très vite, nous avions compris que leur geste était lié à certaines circonstances et à leur histoire personnelle. Notre objectif était surtout de comprendre comment ils en étaient arrivés là, même si on ne peut pas comprendre qu'on puisse tuer quelqu'un", admet Geneviève Celant. "Nous avions conscience d'être très inquisitrices. Nous les remettions face à leur crime. C'est violent pour eux. Par nos questions, nous les avons obligés à entrer dans ce moment-là pour comprendre comment ils percevaient leur victime, ajoute Marie-José Boulay. Ils m'ont fait comprendre qu'en réalité ils ne la percevaient pas. Ils avaient en face d'eux un objet sur lequel ils exprimaient leur colère."

Le programme n'aide pas la victime à comprendre le passage à l'acte, chaque cas étant particulier, mais il aide "la victime à arrêter de se torturer avec des questions qui n'auront peut-être jamais de réponses", note "Z", un des détenus qui a pris part aux rencontres. "Pendant vingt-deux ans, je m'étais arrangée avec moi-même sur des questions en suspens et qui revenaient régulièrement au détour d'un fait divers. Mais cette expérience m'a permis d'accepter que des questions restent à jamais sans réponse. Ça n'efface rien, mais c'est aujourd'hui une source d'apaisement", reconnaît Marie-José Boulay.

Du côté des détenus, si tous ne sont pas allés "au bout des choses", les échanges ont permis "une reconquête de l'estime de soi" et "une responsabilisation" des faits. Des succès qui peuvent amener à une resocialisation réussie, un premier barrage à la récidive.  

ex Le Point

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commentaires

O
I liked the way in which you explained the victims really reacted turning their principles in the way that they really did not even want to. When such tormentors are really ruling the world, there is no doubt that this happens at times.
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L
Chacun a sa façon de réagir!!Je parlerais avec un assassin sans problème,mais jamais avec celui de ma fille!!!Bonne soirée,Jean-Pierre
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